Le workshop international « Experiencing the public space. A psycho-architectural approach to urban design » est une école d’été co-organisée par l’Université Estatale de Milan, le Politecnico di Milano, l’École Polytechnique de l’Université de Thessaly et l’ENSA Nantes.

Présentation du workshop

Le workshop international « Experiencing the public space. A psycho-architectural approach to urban design » est une école d’été co-organisée par l’Université Estatale de Milan, le Politecnico di Milano, l’École Polytechnique de l’Université de Thessaly et l’ENSA Nantes.

Ce workshop propose une perspective interdisciplinaire des aspects théoriques et méthodologiques dans le domaine de la simulation urbaine et du design urbain, en mettant l’accent sur l’apport de l’informatique et de la psychologie dans le développement de lieux conjuguant bien-être humain et durabilité environnementale.

L’espace public de Nantes fut expérimenté durant 5 jours à travers 4 parcours l’un au Nord, l’un au Sud, l’un à l’Ouest et l’un à l’Est rejoignant le CHU. C’est alors 4 groupes d’environ 6 à 8 personnes qui viennent arpenter les rues autour de l’actuel CHU. Les parcours ont été organisés pour une durée approximativement similaire en repérant 4 points photographiques fixes par parcours.

Parcours réalisés pendant le workshop

Journée type

Lors des journées d’expérimentation, nous nous retrouvons devant le CHU afin d’entamer les différentes marches prévues. La veille nous préparions le protocole du lendemain. Ainsi mardi après-midi nous avions préparé la balade sonore qui serait expérimentée mercredi matin. De la même façon mercredi après-midi nous avons discuté du protocole qui nous permettrait de réaliser la balade les yeux bandés jeudi matin. Le reste du temps fut réservé à la préparation de nos rendus basés sur l’expérience sensible des différentes balades. Ce travail de retour sensible fut entamé de façon individuelle puis en groupe afin que chacun puisse exprimer le plus clairement ses ressentis.

Exemples de retours personnels

Protocoles et applications

C’est par l’application nommée City Sense que l’on vient récolter des données pour chaque personne participant à l’expérience. L’application permet de prendre une photo avec une direction précise à différents points fixes du parcours. Un questionnaire l’accompagne afin d’exposer les ressentis des participants. Ces ressentis sont exprimés au moment de la prise de la photo. Le workshop met en place une expérimentation de ces balades à travers différents moments de la journée, la première en milieu d’après-midi et début de soirée et la seconde au cours de la matinée. Les ressentis de chacun sont différents et uniques, l’application permet de les récolter et ainsi un échantillonnage peut-être exploité. Les participants doivent mettre au service de cette expérience chacun de leurs sens. Il n’y pas de bonnes ou de mauvaises réponses, le principal est d’être attentif à ce qui nous entoure, d’écouter, de sentir et de regarder. L’un des points fixes des quatre parcours est identique, le final de la balade. Les perceptions s’avèrent différentes en fonction des points fixes et en fonction des différents parcours.

La seconde expérience du workshop s’est réalisée à l’aide d’une deuxième application nommée Echoes. Les 4 parcours précédents ont été attribués chacun à un groupe qui a attribué des sons à des lieux spécifiques des balades. Les 4 balades ont pu être vécues à travers des sons différents de la réalité et ainsi bouleverser les perceptions des participants et en créer de nouvelles. Les deux applications City Sense et Echoes sont utilisées en simultané afin d’en récolter les données.

La dernière expérience a été de réaliser ces mêmes parcours les yeux bandés. Ces balades se sont réalisées par binômes. L’un avec la vue obstruée et le second pour le guider en lui maintenant le bras. Les rôles ont été inversés à chaque parcours. Nous avions plusieurs règles pour vivre au mieux cette expérience, la sécurité étant la plus importante. Nous devions avoir les yeux bandés au moins 5 minutes avant le premier point d’arrêt afin de pouvoir laisser notre corps s’adapter à ce changement. Le premier et le dernier point d’arrêt étaient les mêmes que pour les précédents parcours. Cependant, les deux points fixes entre ces derniers n’étaient pas indiqués par la personne accompagnante, c’est celui qui avait la vue occultée qui décidait quand il souhaitait marquer un arrêt qui représenterait un changement important dans sa perception de l’espace, un élément marqueur. Il avait la possibilité de faire deux arrêts. Cette expérience a été également vécue en simultané avec l’application City Sense afin d’en récolter les données.

Affichage dans l’écran du téléphone des applications City Sense et Echoes

Retours sur expérience

Balades avec City Sense

Les premières balades réalisées avec l’application city sense furent rythmées par les arrêts et prises de vues. Nous nous sommes concentrés sur le moment présent uniquement, car nous avons réalisé ces balades une fois en fin d’après-midi et en début de soirée et une fois en matinée. Nous avons pu remarquer que même si c’était les mêmes balades, nous ne ressentons pas la même chose en fonction du moment de la journée. Également, chaque moment est différent et un élément en particulier peut venir chambouler notre ressenti, c’est ainsi que les perceptions pour le même participant ne sont pas identiques à chacun de ses passages.

Représentations sensibles des sensations éprouvées lors des parcours

Balade sonore avec Echoes

Lors de la balade sonore, il fut intéressant de voir notre perception des ambiances changer. Nous pouvions voir les mêmes espaces, les mêmes flux de personnes et de transport, cependant les ambiances sonores venaient se superposer créant ainsi une nouvelle réalité. Nos ressentis dans ces espaces ont été tout autre que lors de la précédente expérience. Ce fut étonnant de constater qu’en bouleversant notre ouïe, nous ressentons de nouvelles sensations et ambiances.

Balade les yeux bandés

Les parcours ayant déjà été réalisés en amont, nous avons pu nous rendre compte que la perception des distances et du temps est totalement bousculée lorsque le sens de la vue est obstrué. Ce sont alors nos autres sens qui sont sollicités plus intensément afin de pouvoir déduire l’espace qui nous entoure. La chaleur du soleil sur la peau, le son des voitures qui s’approchent et s’éloignent, le vent présent ou absent, le sentiment de fraîcheur, la sensation d’obscurité lorsque nous passons dans un endroit sombre ou sous un abri. Nous avons perçu des espaces et des émotions que nous ne pensions pas avoir sans le sens de la vue et en réalisant les mêmes balades que les deux dernières expériences.

Ces trois expériences furent intéressantes sur plusieurs points. D’une part pour les quatre étudiants connaissant la ville de Nantes ce fut l’occasion de la redécouvrir en se concentrant sur nos perceptions, sur nos sens. Cela a été également le cas pour les autres participants à ce workshop. Nous avons tous redécouvert chaque parcours après chacune des trois expériences. Aucune n’a été vécue de la même manière, nous nous sommes concentrés sur le moment présent.

Rendus de samedi

Données récoltées par l’application City Sense 

Les résultats des données récoltées grâce à l’application City Sense lors des trois demi-journées de marche nous ont permis de faire plusieurs constats. En effet, les trois expériences, globale, sonore et non visuelle ont pu être comparées entre elles. Nous nous sommes rendu compte de l’impact sur nos perceptions si nous venions modifier ou obstruer l’un de nos sens. Également, même si certains ressentis sont majoritaires en fonction des points fixes, le ressenti de chacun est très différent, cela a confirmé la variété des ambiances éprouvées par tous les participants.

Retours sensibles des expériences par groupe

Lors du workshop, chacun des groupes composés de 6 à 8 participants a proposé une manière de retranscrire leurs expériences des différentes marches durant les parcours dans les rues de Nantes. Ils ont élaboré des représentations des ambiances perçues en utilisant différents médiums : collages à la main ou informatiques, dessins, textes et objets interactifs. Chacune des techniques était utilisée pour revivre les parcours en recensant les sensations des participants durant ces derniers. Chacune des présentations était très différente même si nous avions réalisé les mêmes parcours.

C’est ainsi que nous avons pu les revivre, premièrement à travers une présentation comparant les points intéressants des parcours à des œuvres, des collages qui ont fait travailler notre imaginaire et sous forme de graphiques. Les couleurs et les formes ont été très sollicitées afin de représenter les ressentis.

Restitution du 1er groupe

En seconde présentation nous avons pu découvrir une bande dessinée vivante qui se révélait sur le fil d’un son. Celle-ci a permis de transmettre les ambiances ressenties des parcours à travers deux personnages et leur histoire d’amour. Nous pouvons retrouver deux lectures dans cette représentation : une lecture se faisant dans l’attente des événements du parcours et l’autre permettant d’apprécier l’ensemble des contrastes du parcours.

Restitution 2e groupe

Pour la troisième présentation, c’était une carte interactive qui nous a amenés à revivre des vues des 4 marches réalisées pendant cette semaine. Les collages présentés ont été réalisés afin d’amplifier les sensations des sons urbains, des activités, des participants dans l’espace. Ces images provoquaient un vrai contraste visuel avec la réalité permettant de choquer et d’avoir un impact direct afin d’imaginer et de vivre les ressentis des participants.

Restitution 3e groupe (collages)

Enfin, la dernière présentation s’est appuyée sur une scénographie interactive. Les participants ont pu revivre deux parcours en marchant, s’accroupissant, se mettant sur la pointe des pieds pour accéder aux différents dessins et collages suivant une ligne relatant les ressentis. Les postures ont été engagées dans le but d’appuyer les sentiments de protection ou au contraire de liberté. Également, la perception du temps entre les yeux ouverts et les yeux bandés a été comparée. Des objets disposés sur le parcours de la présentation. Ils ont été créés  et utilisés durant la présentation afin de revivre de manière plus intense les ressentis durant les marches.

Restitution 4e groupe

Les présentations des différents participants nous ont permis de nous rendre compte de toutes les manières possibles de traduire des perceptions et des ambiances. Ces présentations nous ont permis de revivre les parcours d’une autre manière et de créer une nouvelle expérience de ces balades.

Participants à la restitution finale samedi 25 juin 2022.

Auteurs

Noémie BRUNET, Anas JEBBARI, Manon LALISSE et Jasmina MIRCESCU. Etudiants.es Master à l’ENSA Nantes.